L'histoire du Domaine de Cabarrouy contée par Lucie d'Incau
Domaine de Cabarrouy,
des vins de lumière qui servent d'alibi au rêve
Il y avait des pâtures ,
des moutons ,
un vaste horizon
et le pic de Ger.
C'est là, sur ces terres singulières et verticales de Lasseube que Patrice Limousin et Freya Skoda ont choisi de planter une vigne.
Une audacieuse vision culturale, traduisant le rêve de faire des vins à l'image des lieux :
purs et libres.
La force et la signature du Domaine de Cabarrouy.
Atteindre le Domaine de Cabarrouy, c'est d'abord monter jusqu'au hameau de Lasseube, puis monter encore, s'engager sur un chemin aérien, avant d'atteindre un lieu puissant et beau.
Des bouts de terre patiemment défrichés, perdus dans le dédale des collines aux bois sombres et silencieux. Le reste, c'est une ferme à cour ouverte, entièrement restaurée par un couple qui a décidé d'unir leurs forces pour donner vie à leurs folles idées.
Fabuleux hasard d'une rencontre entre Freya Skoda, étudiante berlinoise, et Patrice Limousin, viticulteur dans le Muscadet.
Le temps d'essayer de comprendre, et l'alchimie est là, qui scelle leur destin.
"L'étincelle" a servi à déclencher le rêve d'un vignoble, qui les conduit aux confins du Béarn. Un capharnaüm de sommets où culmine le pic de Ger. Massif tellement spectaculaire, si impressionnant, où le blanc de ses abrupts calcaires s'illumine.
C'est sur ce petit bout de planète qu'ils s'installent, époustouflés par le paysage sauvage, dominé par l'élément minéral. Des fragments de terroir ahurissants. Les sols vibrent sous les affleurements calcaires crétacés, les argiles et grès du flysch, dévoilant un empilement de turbidités, éboulis d'avalanches sous-marines.
Une terre qui " respire", fait le vin tendre de Jurançon. Un vin du vent et du soleil. Même en friche, même sous la neige, l'endroit est un éden.
Freya et Patrice y développent ensemble une utopie agricole, remettant en culture 2 hectares.
Et redonnent vignes aux 21 hectares de coteaux qui avaient gardé une identité de biotope primaire.
Le corps de ferme à l'abandon trouve un nouveau destin, fidèle à l'héritage fragile.
Bien sûr, les vignerons ont valorisé l'architecture si typique de l'imposante demeure, sans la départir de son aura.
Réhabilitation réfléchie, proche de l'essence de la construction...
C'est qu'il y a tout à faire dans les bâtis, reliés pour former des surfaces intimistes. Espaces de vie, baignés de couleurs douces et de lumière, générés par les volumes attenants des dépendances. Un cocon positif et accueillant. Une maison vivante où ils se sentent à leur place.
S'il existe des documents sur la vigne et le vin, et leur lien entre la propriété et sa terre, au XVIIIe siècle, le domaine trouve ses lointaines origines, au XVIIe siècle, avec Arnaud Caparrouy, qui détermine une filiation avec la lignée des Cabarrouy à Lasseube.
Un nom pris dans la chaîne des générations. Un nom patronymique rattachant le domaine à la famille.
Un nom local, aussi porté par le gypaète barbu.
L'oiseau mythique des montagnes marque de sa silhouette les étiquettes.
Et inspire les vins.
Sommets de volupté
Aujourd'hui, les 2 hectares ont grandi. De petites plantations sont venus les rejoindre. Tout ça fait 5,30 hectares de manseng qui dévalent les pentes vives du versant sud, jusqu'à la lisière de la forêt, et se fondent dans la couronne de montagnes.
Patrice et Freya ont réalisé leur rêve, élargit leur horizon, "défriché" un autre monde. Ils ont fait ce qu'il fallait ; aimer et respecter ces "Solitudes". Une culture de paysage. Repères de l'espace rural, les parcelles offrent leur géométrie sur laquelle s'appuie l'image du terroir.
Rien ne manque au dispositif du petit coin tellurique, ni l'enfilade de vallons, coupés de bois et de prairies, ni les lignes de vignes, palissée en hautain, rayures verticales bien droites qui ouvrent des vues, ni les bandes enherbées qui dessinent les allées d'un jardin dense et sauvage, où l'on trouve les fleurs des champs.
Mixité végétale riche en biodiversité.
Adresse vibrante d'un piemont confidentiel qui garanti 250 mètres de dénivelé.
On vient jusqu'ici pour se restaurer l'âme. On s'adoucit, par temps clair, devant la magie du massif pyrénéen, au loin, qui invite à rêver d'un ailleurs encore plus loin. C'est dans cette nature précieuse que le domaine puise sa richesse aromatique, sa puissance minérale et son inspiration de vins sereins, câlins, ronds et acidulés.
Cabarrouy capte le paysage, joue avec le terroir, révèle un tout, précise un style, exprime avec force et grâce le fruit. On est aux confins de l'alchimie qui amène grandeur et mystère au passerillage tardif. Vient alors le temps d'une récolte surréaliste. L'étreinte fusionnelle de nuits glaciales et de grains confits.
Récompense suprême de l'amour du risque :
"Ambre de Samonios",
qui tire son nom d'un calendrier celte, où, durant trois nuits de novembre, les hommes ont accès au monde des dieux.
Derrière l'incroyable concentration, une palette complexe avec ses notes envoûtantes de fruits exotiques, d'agrumes confites et d'abricot. L'éclat blond d'un petit manseng solaire et rayonnant. Les vins, pétris par la nature des hautes terres, nous élèvent sur les crêtes pour contempler le vol libre du grand vautour.
Avec "Le Givré de Cabarrouy", le grain hisse la couleur, devient pétale de fleurs, infusion de fruits, perle de miel...
Secret de quintessence pour ce petit manseng, friandise soumise aux exigences d'une vendange récoltée à Noël.
Un concentré d'or, intense et précieux.
Le monde des liqueurs.
En tournant dans le verre, s'épanouit la fragrance douce et acidulée de la fleur d'oranger, un souffle d'agrumes, la pêche à croquer...
La finale minérale termine le voyage en beauté.
Texte de Lucie d'Incau pour la Newsletter des Vignerons du Jurançon , novembre 2017 ( remanié en 2023)
***
A découvrir aussi :
notre album photo : 1988 - 2015